Le téléphone portable tue, mais pas le ridicule
juin 2008

Branle bas de combat dans les ménages ! Un nouveau danger technologique vient d’être identifié, d’autant plus insidieux qu’il est banal : le téléphone portable. Rien n’est prouvé, mais justement : l’application du principe de précaution s’impose, toute négligence serait criminelle. D’ailleurs de grands noms de la science, pardon ! de la médecine, ne s’y sont pas trompés et se sont joints à l’appel du bon docteur Servan-Schreiber, appel que vous pouvez signer en vous rendant sur le site du sus-nommé, où vous trouverez en prime un tas de bons conseils et de quoi faire vos courses de santé pour pas trop cher.
C’est peut-être pour ça que l’Académie de médecine, bien connue pour sa légéreté et son insouciance coupable, a parlé d’opération "marketing", quel vilain mot ! dans un communiqué qu’aucun média n’a repris, à ma connaissance, et déclarant entre autres : " Inquiéter l’opinion dans un tel contexte relève de la démagogie mais en aucun cas d’une démarche scientifique." La vieille dame n’est pas sexy.
Quant au communiqué de l’Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail), personne n’en a rien dit et pour cause : il faisait remarquer que les recommandations de l’appel étaient celles de l’Afsset depuis 2005, mais sans catastrophisme. On trouvera d’ailleurs sur le site de cette agence un document téléchargeable datant de 2007 qui affirme que oui, le téléphone portable est dangereux, quand il est utilisé en conduisant une voiture, c’est prouvé. Rappelons au passage que l’OMS estime que téléphoner en conduisant multiplie le risque d’accident par 3 ou 4. Mais ça, tiens ! c’est curieusement oublié dans l’appel.
Quant à l’invocation des dangers de l’amiante et du tabac (" « Nous sommes aujourd’hui dans la même situation qu’il y a cinquante ans pour l’amiante et le tabac. Soit on ne fait rien, et on accepte un risque, soit on admet qu’il y a un faisceau d’arguments scientifiques inquiétants », explique Thierry Bouillet, cancérologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny et signataire de l’appel." Phrase reprise telle quelle dans de nombreux journaux), c’est quand même sacrément gonflé. À la différence du téléphone portable, leurs dangers cancérigènes étaient démontrés depuis les années 50. Si rien n’a été fait, ça n’est certainement pas par négligence ou oubli du principe de précaution, dont personne ne parlait à l’époque. Les vraies raisons en sont bien plus troubles.
Terminons sur une note plus gaie, avec un article du Figaro, dont les chroniques scientifiques sont bien délassantes : un nouvel argument en faveur de la toxicité du téléphone portable vient d’être apportée par un savant qui a soumis trois groupes de 31 rats à une exposition quotidienne de « 2 heures et pendant 18 mois simultanément à des ondes électromagnétiques pulsées et continues à des fréquences différentes. » Pour être tout-à-fait honnête, « 18 mois chez le rat, cela correspond à 63 ans chez l’homme. Une durée d’utilisation du téléphone portable qu’aucun humain n’a évidemment encore jamais connue. » Patience !
Académie de médecine
: Les risques du téléphone portable. Mise au point.
Afsset
: " L’Afsset rappelle les recommandations qu’elle formule depuis 2005 en matière de téléphonie mobile "
Afsset
: pour télécharger le dépliant d’information
OMS
:
Quels sont les risques sanitaires associés aux téléphones portables et à leurs stations de base ?
Le Figaro
: Nouvelles interrogations sur la nocivité des portables
Site de David Servan-Schreiber : débrouillez vous ! ça n’est pas bien difficile.