Manifestation pour l’indemnisation des victimes de l’amiante
mai 2007
Dans Libération du 11 mai 2007.
" Dans les rues de Douai, plus de mille cinq cents hommes et femmes de toute la France, victimes ou épouses de victimes, marchent en silence. Des femmes tiennent la photo de leur mari. Des hommes tiennent des pancartes : « La justice, pas la loterie », « L’amiante tue », « Nos souffrances ont un prix, les empoisonneurs doivent payer ». Ils soutiennent soixante des leurs, tous victimes de plaques pleurales (la forme la plus bénigne des affections dues à l’amiante), et font appel d’une décision du tribunal des affaires de sécurité sociale de Lille. En jeu : leur indemnisation. Jusqu’en 2006, elle pouvait atteindre 45 000 euros par personne. Depuis, des tribunaux ont réduit la voilure à 3 000 euros, voire à zéro.
Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), les plaques pleurales montrent une exposition à l’amiante, et toutes les variétés d’amiante sont cancérigènes. Mais les plaques sont, elles, considérées comme une pathologie « bénigne ». L’INRS ajoute quand même qu’elles provoquent parfois « des douleurs, voire une légère diminution de la capacité respiratoire ». (...)
Aujourd’hui, devant les faibles indemnisations et la combativité des employeurs, 140 dossiers sont en appel. « Sur les chantiers, il y avait une poussière terrible, pas d’aspiration, et nous, comme protection, on avait un casque et un bleu de travail », dit un électricien. Quand je vois qu’on désamiante habillé en cosmonaute, c’est choquant. »