Un miracle laïc : la chute du taux d’infarctus en un temps record
mars 2008
La Croix (24 février 2008) et le Monde (26 février 2008) se félicitent de la baisse du nombre d’infarctus survenue depuis le 1er janvier 2008, date de l’interdiction de fumer du tabac dans les bistrots, bars et restaurants. Le Monde titre " L’interdiction de fumer dans les lieux publics a entraîné une diminution du nombre d’infarctus ", transformant une corrélation en relation de cause à effet, et la Croix " L’interdiction de fumer dans les lieux publics produit des effets sur la santé ", idem, mais en effetS.
Aucun chiffre sur le nombre d’infarctus évités n’est donné. Seul est fourni un pourcentage de baisse, 15 %, " en première approximation ", écrit la Croix, qui poursuit : " Une baisse du même ordre est relevée concernant les admissions pour accident vasculaire cérébral. Quant aux salariés du secteur, ils montrent moins de symptômes respiratoires et oculaires (baisse de 13 % à 67 % entre janvier 2007 et janvier 2008, selon les symptômes)." Cette diminution concerne essentiellement les personnes âgées de moins de 65 ans.
Plus loin dans les deux articles, l’enthousiasme se rafraichit : " Comment être tout à fait certain que la baisse des infarctus est bien un effet de la lutte contre le tabagisme ? « Il n’y a pas encore de certitude absolue et nous devrons encore attendre quelques mois pour confirmer la tendance, mais c’est de loin l’explication la plus plausible »", déclare le Pr Dautzenberg, pneumologue (Paris), puisqu’aucune autre ne semble valable (pas d’innovation thérapeutique, pas d’effet météo, diminution considérable de la concentration des particules fines dans les locaux incriminés : amélioration de 80 %). En outre, la même réglementation a eu des effets similaires en Italie et en Grande Bretagne.
Curieusement, l’interdiction de fumer dans les entreprises n’a pas eu les même effets, rappellent les deux journaux, ni d’ailleurs sur la vente de cigarettes et le nombre de demandes de sevrage. Le Pr Dautzenberg " ne cache pas sa surprise."
Le gouvernement italien a interdit le tabac dans tous les lieux publics sans exception, restaurants, cafés, bars, discothèques, y compris au travail, à partir du 10 janvier 2005. Cela a abouti à diminuer le tabagisme passif, mais aussi le nombre de fumeurs. En un an, le risque d’infarctus chez les moins de 60 ans a baissé de 11 %, d’après les auteurs d’une étude publiée dans l’European Heart Journal. Les auteurs attribuent cette baisse à la diminution du tabagisme passif, la part attribuable au tabac dans la survenue des infarctus étant plus élevée dans une population jeune.
Le Pr Nicolas Danchin (cardiologue, Paris) estimait il y a un an que des mesures semblables appliquées en France (120 000 infarctus par an, dont la moitié avant 65 ans) éviteraient entre 5 000 et 7 000 infarctus par an. Rendez vous en janvier 2009.
Source : Le Figaro, 15 janvier 2007.