Visiteurs médicaux, information des médecins et torture
mai 2008
Lu dans la
lettre d'information 296 d'Annuaire Sécu
:
" Un rapport de l’IGAS sur l’information des médecins généralistes sur le médicament, publié le 31 octobre dernier, affirmait que "la promotion favorise une expansion globale de la prescription" (voir chapitre 1.2.3.).
"Une étude menée par Cegedim, leader mondial des bases de données médicales, auprès d’un panel de 1 000 médecins, a tenté d’analyser la pression exercée par les laboratoires sur la prescription médicale", rapporte Le Monde. Cette étude "révèle que cette pression tend à se réduire : entre 2005 et 2007, le nombre de visites médicales a chuté de 10 %", note le journal.
Les pratiques des médecins vis-à-vis de la visite médicale diffèrent sensiblement :"un quart du panel limite le nombre de visites médicales à 54 par an, tandis qu’un peu plus de 15 % en reçoit 10 fois plus" ! Et "plus le médecin est ouvert à la visite médicale, plus son éventail thérapeutique sera large" (311 produits distincts prescrits en trois mois par les moins visités, 360 parmi ceux qui le sont le plus). Le Monde souligne que "plus le médecin ouvre sa porte aux visiteurs médicaux, plus il prescrit des produits plus modernes, pas génériqués et plus coûteux pour la Sécurité sociale". Le surcroît de dépenses est évalué à 13 % en terme de coût moyen de l’ordonnance par patient soit 31,1 euros pour le médecin qui reçoit le moins de visiteurs médicaux, contre 35,1 euros par patient pour le gros des médecins (50 %) qui reçoivent entre 250 et 584 visites médicales par an, un effet amplifié par le fait que ces médecins sont ceux qui donnent le plus de consultations. Mais quel que soit le nombre de visiteurs médicaux reçus, tous les médecins prescrivent en moyenne 3,5 médicaments par ordonnance.
"Cegedim, qui ne s’interdit pas d’intervenir désormais plus souvent publiquement dans les débats sur les comptes de la santé, va lancer une étude complémentaire sur les besoins réels des patients des deux catégories de médecins : ceux qui reçoivent peu la visite médicale et les autres", ajoute Le Quotidien du Médecin.
Reste que cette enquête, curieusement relayée par un grand quotidien, est réalisée par un acteur qui est loin d’être neutre. Cegedim, leader mondial du CRM pour l’industrie pharmaceutique, "construit des bases de données stratégiques et des solutions logicielles permettant d’optimiser les stratégies des départements marketing et vente des laboratoires pharmaceutiques", indique le groupe sur son site sur lequel on ne retrouve pas les résultats de l’étude."
Annuaire Sécu donne le lien pour lire la
réponse de la Formindep
(association de formation continue des médecins) en forme de pastiche d’un mauvais goût certain, mais à l’efficacité indéniable : " L’impact de la torture sur l’obtention d’aveux est limité." Avantage collatéral : montrer qu’un article peut avoir le goût de la science, mais sans la science !
Rapport de l’IGAS sur l’information des généralistes : compte-rendu dans Carnets de santé